EXPLICATION DES JOINTS À OUVERTURE DISRUPTIVE

EXPLICATION DES JOINTS À OUVERTURE DISRUPTIVE

de Tom Hancock, Directeur Commercial de Monofloor

 

Les joints de construction coffrés sont bien connus pour être le point faible de tout dallage industriel en béton.

Ces vingt dernières années ont été marquées par d’énormes changements dans la manière dont les joints de construction sont construits et protégés. Les joints blindés sont désormais considérés comme un impératif dans la conception et la construction de dalles industrielles. Faire l’impasse sur les joints blindés conduira invariablement à une détérioration des matériaux, des équipements de manutention et du sol, et coûtera cher en perte d’exploitation et en réparation. (voir Image 1).

Il est aujourd’hui courant dans l’industrie de protéger les arêtes vulnérables au moyen de plaques d’acier de 10 mm de large. Il est bien connu que protéger les joints de la sorte contribue à l'allongement de leur durée de vie. Toutefois, cela n’empêche pas les impacts entre les roues des véhicules et les joints droits ; ces chocs à répétition finissent par causer des dommages (voir Image 2). Dans les zones de trafic intense, un entretien régulier et des réparations fréquentes sont donc indispensables.

 

Joints à ouverture disruptive

Pour remédier à ce problème, les constructeurs ont façonné l'arête du joint afin d’éviter l'impact avec les roues des véhicules. Les produits conçus à cet effet sont désormais disponibles partout.

 

Joints de type plaque

Plutôt que de façonner les arêtes, ces joints couvrent l’espace créé dans le joint. Lorsque le joint s'ouvre sous l’effet du retrait, la forme sinusoïdale illustrée à la figure 3 s'ouvre de la même quantité. L’ouverture maximale du joint est généralement limitée par «l’amplitude» de l’onde sinusoïdale. Il convient de veiller à ce que les plaques d'acier ne subissent aucun impact sous l’effet du trafic.

Alors que Le joint initial est dissimulé sous la plaque d’acier ce dernier crée deux nouveaux « joints » au point de contact du béton avec la plaque (voir Image 3). Ici, le béton est particulièrement vulnérable aux détériorations si le joint n’est pas installé à plat et au même niveau que le béton fini. Le poids du produit rend l’installation difficile. Toutefois, la finition du joint à la truelle n’est pas différente des traditionnels joints blindés « droits ». Il est donc possible d’obtenir une finition de qualité.

Selon les fabricants, différentes solutions de transfert de charge peuvent être proposées et la capacité maximale du produit doit toujours être prise en compte lors de la phase de conception du projet. Compacter le béton sous la plaque peut s’avérer complexe et les espaces vides doivent être comblés si l’on veut profiter d’un transfert de charge optimal, une fois le sol en service.

 

Joints sinusoïdaux

Les joints de forme sinusoïdale façonnent directement l’arête du joint afin d’éviter le désordre représenté à l’Image 3. Généralement fabriqué à l’aide d’acier de 5 millimètres d’épaisseur, ce produit protège l’arête des impacts si la largeur de joint maximale autorisée par la forme sinusoïdale est dépassée. Le profilé sinusoïdal peut rendre la finition à la truelle difficile et conduire à un résultat médiocre, comme sur l’Image 4.

Le transfert de charge est assuré par des goujons continus ou discontinus.  Certains préfèrent assurer le transfert de charge en imbriquant deux profilés sinusoïdaux qui se chevauchent au niveau du joint. Il convient de prendre certaines précautions lorsqu’on choisit ce type de joint. La capacité de transfert de charge du produit doit notamment être conforme aux recommandations du TR34 4e édition (1).

 

Joints hexagonaux

D’autres produits tels que les joints hexagonaux peuvent donner à l’arête un profil hexagonal. Tous comme les produits sinusoïdaux, la largeur maximum du joint est fonction de la géométrie de l’ondulation. Toutefois, la plupart des joints de forme hexagonale sont conçus pour un retrait du joint plus important.

On peut également façonner le joint sur toute la hauteur de la dalle. C’est une possibilité qu’il faut envisager lors de la phase de conception. Comme le recommande le TR34, le transfert de charge est dans ce cas assuré par des goujons discontinus.

L’acier que l’on trouve sur les produits sinusoïdaux est généralement moins épais que celui des produits hexagonaux. Cela signifie donc que l’arête n’est pas protégée si la l’ouverture du joint excède la valeur de service.

Cependant, ce genre de produit peut être facilement poncé et est donc plus approprié pour les allées à trafic défini dans lesquelles une rectification de la planéité peut s’avérer nécessaire après la construction (voir Image 5). Par ailleurs, un polissage pourra également rectifier une finition médiocre.

Remarques

Si les joints à ouverture disruptive constituent un grand pas en avant dans la protection des joints de construction façonnés, il convient néanmoins d’examiner soigneusement les alternatives. Les concepteurs devront prendre en considération le retrait maximal auquel sera soumis le béton et l’éventuelle tuilage du sol.

Il existe de nombreux types de joints à ouverture disruptive. Tous ont leurs avantages et leurs inconvénients. Il convient donc d’envisager l’utilisation de solutions de transfert de charge reconnues par l’industrie, et permettant une rectification ultérieure des joints.

Tous les produits utilisés se doivent d’être conformes au Règlement européen relatif aux produits de construction (2).

[Références] :

CONCRETE SOCIETY. Concrete industrial ground floors – a guide to design and construction. Technical Report 34, 4e édition, The Concrete Society, Camberley, 2013, 3e impression mars 2016.

UNION EUROPÉENNE Règlement (UE) n° 305/2011 du Parlement européen et du Conseil du 9 mars 2011 établissant des conditions harmonisées de commercialisation pour les produits de construction et abrogeant la directive 89/106/CEE du Conseil. Journal officiel de l'Union Européenne, Vol. 54, 4 avril 2011, Bruxelles, Belgique.

 

[Légende] :

[Image 1] : Joint de construction non-protégé après trafic.

[Image 2] : Joint droit endommagé.

[Image 3] : Détérioration sur joint à ouverture disruptive de type plaque.

[Image 4] : Mauvaises finitions sur joint sinusoïdal.

[Image 5] : Joint hexagonal après rectification

 

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